Les parlementaires ont de l'humour (?)
Par Michel Huyette
Un communiqué en date du 1er avril du Sénat nous apprend que le président du Sénat ainsi que celui de l'Assemblée Nationale ont décidé de créer un groupe de travail sur "la qualité de la loi".
Selon les termes du communiqué, le groupe "aura pour mission de définir les voies et moyens qui permettront d'améliorer la qualité de la loi et les conditions de son élaboration".
Bien que le communiqué ait été publié le 1er avril 2010, il ne semble pas s'agir d'un poisson d'avril.
En effet, le groupe de travail a bien été installé le 6 avril suivant. En plus, on trouve sur le site du Sénat un petit film dans lequel s'expriment les présidents des deux assemblées. Et les premiers mots de ce court reportage sont :
"Une loi de circonstance après chaque fait divers, des réformes nombreuses et précipitées, les assemblées n'arrêtent pas de voter de nouveaux textes (..) au détriment de la qualité comme les législateurs le reconnaissent aujourd'hui"
C'est ensuite le président de l'Assemblée nationale qui déclare :
"Les citoyens pâtissent de lois beaucoup trop nombreuses et d'une qualité pas toujours parfaite (..)."
Tout cela est très bien.
Chaque juriste sait que nombreux sont les textes mal ficelés, sans cohérence, qui contiennent des dispositions qui s'agencent difficilement avec des textes existant, ou qui interrogent sur leurs modalités d'application.
Ce qui surprend toutefois, c'est que ce discours sur les lois trop vite votées et maladroitement rédigées est tenu par les responsables parlementaires depuis de nombeuses années (1).
Il s'agit donc de la énième fois que l'on nous promet de s'attaquer à la trop fréquente mauvaise qualité de la loi.
Ne serait-il pas préférable, maintenant, d'en venir aux actes ?
A moins que la publication du communiqué le 1er avril ait un sens caché.....
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1. Par ex. : En 2002 un autre groupe de travail a étudié les "voies d'amélioration de la qualité de la réglementation". En 2007 a été rédigé un rapport interministériel sur "l'inflation normative" susceptible de "porter atteinte au rayonnement du droit". En 2009 a été publié un rapport intitulé "Simplifions nos lois pour guérir un mal français".