Mémoires d'un juge trop indépendant (Bibliographie)
Les éditions Tallandier (leur site) publient le livre rédigé par l'ancien juge d'instruction Renaud Van Ruymbeke, intitulé :
"Mémoires d'un juge trop indépendant"
Sur le site de l'éditeur, le livre est présenté de la façon suivante (page dédiée) :
"Boulin, Urba, Elf, les frégates de Taïwan, Clearstream, Kerviel, Cahuzac, Karachi, Balkany... Le juge Van Ruymbeke a instruit pendant plus de quarante ans les grandes affaires financières qui ont secoué notre République. Tenace et libre, il est la figure emblématique de la lutte anticorruption. Dans ces mémoires vibrantes, animé par sa si chère indépendance, il raconte la manière dont il s'est attaqué aux sphères du pouvoir et au financement illégal des partis politiques. Engagé dans la lutte contre les paradis fiscaux, Renaud Van Ruymbeke fait des propositions pour traquer l'argent sale et réformer durablement la justice française. Voici le parcours d'un homme déterminé à se battre pour une justice égale pour tous."
Dans les premières pages, RVR explique comment la rédaction du livre lui a été suggérée, et dans quel état d'esprit il l'a rédigé.
Il a voulu s'exprimer sur le fonctionnement de la justice, sur "l'ampleur de la soumission de la justice qui s'est exprimée dans l'action ou l'inaction des procureurs", le parquet pouvant limiter le champ des investigations du juge d'instruction, tout en ayant relevé ces dernières années une certaine émancipation et un infléchissement de leur dépendance vis à vis du pouvoir politique. Mais aussi sur l'univers des paradis fiscaux et les limites des investigations judiciaires, par exemple quand les policiers reçoivent des instructions pour ne pas participer à telle investigation comme ce fût le cas dans l'affaire Urba.
Dans le prologue il revient sur l'affaire Boulin et, alors qu'il est jeune juge d'instruction, sa mise en cause brutale et médiatique. C'est l'occasion pour lui, un peu plus loin, de souligner son "refus d'allégeance non seulement au pouvoir politique mais aussi à la hiérarchie judiciaire". Et d'égratigner la "culture de soumission" de certains magistrats.
Puis RVR explique les grandes lignes de certaines affaires politico-financières dans lesquelles il a mené les investigations comme juge d'instruction. Quand bien même il s'agit parfois d'affaires très complexes, il le fait de façon à rendre le récit aisément compréhensible par tous.
Mais dans le livre il va plus loin et analyse, succinctement, la situation et le fonctionnement de l'institution judiciaire. Ce qui lui fait écrire qu'il a perdu ces "dernières illusions sur la volonté des hommes politiques de rendre la magistrature indépendante", après avoir constaté que "qu'il soit de gauche ou de droite le parti au pouvoir adopte le même comportement à l'égard de la justice, il entrave son action pour préserver ses propres intérêts", les ministres de la justice nommés étant "les exécutions de cette vision rétrograde et partisane et les procureurs généraux nommés pour la circonstance apparaissant comme leurs valets".
Il y ajoute des remarques intéressantes sur les mécanismes de transaction judiciaire qui, comme il le souligne, sanctionnent l'entreprise et non ses dirigeants fautifs, sur la coopération plus ou moins possible entre les justices européennes, les mécanismes de fraude fiscale et les fortunes constituées "aux dépens d’États dont la majeure partie de la population vit sous le seuil de pauvreté".
Il s'exprime sur les plus indispensables réformes de la justice, et notamment la modification du lien entre parquet et ministère de la justice, la gestion des carrières des magistrats qui relève encore largement du ministère de la justice, la réforme du Conseil supérieur de la magistrature.
Et termine avec quelques pages sur "L'indépendance d'esprit".