Prisonniers en révolte (bibliographie)
Le débat autour des sanctions pénales semble sans fin. Chaque majorité présente ses orientations pénales puis élabore et fait voter ses lois, tantôt pour plus de rigueur, tantôt pour plus de souplesse.
Malheureusement, les français qui s'intéressent à la justice, et notamment à la justice pénale, n'ont souvent droit qu'à quelques slogans de peu d'intérêt, qui n'expliquent et ne démontrent rien. Pourtant la problématique des sanctions pénales est des plus complexes et il faut intégrer de nombreux éléments avant de pouvoir se faire une opinion sérieusement motivée, dans un sens ou dans l'autre.
Le débat, notamment quand il est centré autour de la prison, ne peut pas être complet sans un examen des conditions de détention de ceux qui sont, pendant un temps, privés de liberté. Il est indispensable, avant d'en tirer n'importe quelle conclusion, de savoir comment la peine d'emprisonnement est exécutée, et ce qu'il en est non pas d'un simple point de vue théorique mais dans le concret, dans le quotidien carcéral.
C'est alors que, pour compléter nos connaissance et afin de pouvoir pousser plus loin notre raisonnnement, il nous faut impérativement approcher du doigt cette réalité de la prison. Et, en ce sens, les témoignages des intéressés sont essentiels, parce qu'ils sont en prise directe avec la réalité.
Il peut s'agir de textes rédigés par d'anciens détenus (cf. ici), par des avocats (cf. ici), ou des magistrats et notamment des juges d'application des peines (cf. ici).
Les éditions Agone (leur site) viennent de publier le livre de Anne Guérin intitulé : "Prisonniers en révolte" et sous-titré : "Quotidien carcéral, mutineries, et politique pénitentiaire en France (1970-1980)".
En début de livre, Anne Guérin décrit les conditions d'incarcération de l'époque, et rappelle qu'un ministre de la justice d'alors avait dit après avoir visité plusieurs établissements pénitentiaires qu'il avait fait un "voyage au bout de l'enfer".
Elle explique ensuite de quelles façons des détenus, des associations, des militants ont tenté, avec beaucoup de difficultés, de faire connaître à l'extérieur la réalité carcérale.
Elle fait ensuite le récit des révoltes successives, les réactions du ministère de la justice, les pratiques mises en place en fin de période, sans oublier la situation particulière des femmes.
L'objectif de ce livre, très documenté et destiné à un vaste public, n'est pas seulement de sensibiliser le lecteur à la condition des détenus. Son intérêt premier c'est de nous permettre d'approcher au plus près une réalité qui n'est pas encore très éloignée dans le temps de la période actuelle et pour cela, à travers les pages de Anne Guérin, d'entrer et de voir de quoi il s'agissait dans les années 70/80.
Et comme sur beaucoup de sujets, on ne peut pas complètement comprendre le présent sans un regard vers le passé. C'est en cela que ce livre est particulièrement utile.