Paroles de jurés (12)
Par Mme A.M, juré en 2013
Lors de la réception du 1er courrier j'ai été assez surprise ne sachant pas que cela se faisait par tirage au sort. Néanmoins, il prend tout son sens car effectivement nous sommes représentant et responsable de l'éthique de notre société.
Un devoir de citoyen que j'ai pris très à coeur.
Si je puis me permettre, il serait bon d'expliquer dans ce courrier comment se déroule la session, les tirages au sort au début de chaque affaire à juger afin que nous arrivions a expliquer à notre employeur que nous sommes absents les 1er jour du tirage au sort de chaque affaire de 9h à 10h et que nous pouvons réintégrer notre poste pendant les jours suivants si nous ne sommes pas sélectionnés.
Cette précision reste importante pour l'employeur et pour nous aussi en terme de rémunération.
Lors de la réunion de présentation, la rémunération de ces journées n'a pas été suffisamment détaillée et le délai de paiement n'a pas été abordé. Par curiosité j'ai pu demander à Mme la Gréffière qui m'a précisé que le délai était de 4 mois environ. Ce petit détail mérite d'être précisé car notre salaire reste amputé des heures non effectuées en entreprise et nous avons tous des charges fixes à honorer. Notre employeur ne nous fera pas forcément l'avance !
Le déroulement d'un procès reste une journée intense en concentration et en émotion parfois !! La prise de note est indispensable pour pouvoir analyser la situation et exclure tous sentiments d'injustice envers l'accusé ou la victime. (même si parfois le doute s'installe et peut provoquer des insomnies !!!)
A la lecture de l'intitulé des dossiers à traiter (sur le rôle) les faits reprochés paraissent être semblables mais peuvent être totalement différents dans leur contenu.
C'est cette différence qui fait que nous ne pouvons comparer une affaire à une autre et que les sanctions pénales sont dissemblables.
Cela m'a permis de ne pas prendre pour argent comptant les publications de la presse car elles peuvent être très réductrices. L'être humain a cette faculté d'attribuer une sanction sévère sans avoir pris connaissance des faits réels, du contexte, des souffrances de la personne qui est jugée.
Désignée suppléante pour la 1ere affaire, j'ai pu assister aux audiences et me familiariser avec les lieux, cela m'a permis de passer d'une 1ere étape de suppléante à la 2eme étape de juré titulaire pour le délibéré.
Les assesseurs en tant que professionnels ont eu un rôle important à mes yeux car ils soulèvent lors du délibéré des détails qui auraient pu nous échapper lors des auditions.
Il reste en fin cette grande difficulté de la fonction de juré d'attribuer une peine de prison même si nous avons cette notion d'échelle et le réquisitoire du Ministère Public.
Les mots "malheur, souffrance, mauvaises rencontres" ont été des mots très présents dans tous ces dossiers et prennent tous leurs sens notamment dans la décision de chaque juré et peux profiter à la victime ou à l'accusé selon leur parcours de vie.
Mais la question est : Ne sommes nous pas trop intransigeants dans notre raisonnement ou à l'inverse trop indulgents ?
Néanmoins, il faut rappeler que nous sommes pleinement responsable de nos actes quelque soit la place que nous occupons dans notre société.
En ce qui me concerne cette expérience a été très enrichissante, elle nous apprend à être juste, à prendre des décisions en son âme et conscience.
Par ailleurs, nous avons l'honneur en tant que jurés de représenter les intérêts de la société.
Je suis prête à renouveler cette expérience.