Je ne parlerai qu'à ma juge (bibliographie)
De la même façon que le récit d'un médecin est parfois plus utile qu'un discours théorique sur les hôpitaux, ou que le témoignage d'un enseignant est plus parlant qu'une thèse sur l'éducation nationale, il est important que les magistrats s'expriment eux-mêmes sur leur activité quotidienne.
C'est ce que vient de faire Catherine Sultan dans son livre : "Je ne parlerai qu'à ma juge", publié aux éditions du Seuil.
Catherine Sultan est juge des enfants depuis 1988. Elle a exercé à Douai, Evry, Paris, et Créteil (1).
Si dans son livre elle propose sa vision de la justice des mineurs, en s'appuyant sur sa longue expérience, elle y ajoute, et c'est l'un des intérêts de cet ouvrage, de très nombreux exemples de situations réelles.
Catherine Sultan aborde toutes les facettes de l'intervention judiciaire, de la protection des mineurs en danger à la répression des actes de délinquance des plus jeunes.
Elle explique, quand cela est nécessaire, quels sont les aspects positifs mais aussi les contradictions ou les incohérences du cadre juridique au civil et au pénal, essayant ainsi de tordre le cou à certaines affirmations hâtives et inexactes sur la justice des mineurs.
C'est le cas, par exemple, pour ce qui concerne les parents en grandes difficultés, ou les mineurs dont la fragilité à l'intérieur a parfois peu en commun avec leur apparence extérieure ou avec leurs actes.
Ce témoignage, à travers lequel on perçoit des visages, des mots, des sourires et des larmes, des espoirs et des déceptions, des réussites et des échecs, écrit dans un vocabulaire volontairement accessible à tous, intéressera un vaste public tant les questions posées questionnent toute notre société, bien au-delà de la seule institution judiciaire.
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1. Catherine Sultan a été nommée le 5 juin 2013 directrice de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) au ministère de la justice.