Itinéraires féminins de la déviance (bibliographie)
Les femmes sont rarement au coeur de l'actualité judiciaire (1). Selon les chiffres-clés 2012 du ministère de la justice (cf.ici), sur l'année 2011 les condamnations pénales ont concerné à 90,40 % des hommes et à 9,60 % des femmes.
Les Presses Universitaires de Provence (leur site) ont publié voici quelques mois un livre de Karine LAMBERT intitulé : "Itinéraires féminins de la déviance", sous-titré "Provence 1750-1850".
Karine Lambert présente son travail de la façon suivante :
"Afin de dépasser la dichotomie traditionnelle entre la femme, éternelle mineure, soumise au pouvoir arbitraire et tyrannique de l’homme et la femme rebelle, nous avons isolé plusieurs parcours féminins au sein des archives judiciaires provençales de 1750 à 1850. Au-delà des actes criminels, et des attitudes déviantes, leurs paroles révèlent leur capacité de résistance, certes parfois ténue, à une gestion normative de leur corps et de leurs identités. De la rue à l’espace domestique, ces femmes tentent d’imprimer leurs désirs, leurs volontés dans leurs rapports aux hommes, aux autres. Les stratégies mises en lumière lors de la procédure judiciaire établissent des brèches dans un rituel social normatif. Ces femmes de peu se jouent des représentations de genre pour s’affirmer sous les regards de leur parenté, de leur communauté d’appartenance et face aux jugements des autorités judiciaires. Leurs discours montrent comment elles rusent avec les assignations et les rôles sociaux de sexe. Elles s’expriment dans la violence et le sang, mais également par le Verbe, indice de leur souffrance et de leur refus du mode habituel du « vivre-ensemble ». Jugées contestataires, elles ne défendent parfois que leur intégrité physique des attentats de la misère, du mépris, de la brutalité. Mais pour tous, leur culpabilité reste intrinsèquement liée à leur sexe. Derrière le caractère exceptionnel de leurs crimes se livrent par bribes le quotidien des rapports entre les sexes ainsi qu’une sociabilité pétrie de tensions et de tentatives d’apaisement, de sentiments amoureux et de déchirures affectives."
Karine LAMBERT, qui a travaillé à partir de documents d'époque, présente, notamment, les cas de femmes infanticides, malades mentales, prostituées, voleuses, et meurtrières.
Des cas qui, comme elle l'écrit à la fin de son livre, constituent "autant de portraits sous lesquels se cache l'extraordinaire énergie de ces femmes qui luttent jusqu'au corps à corps sanglant avec ceux ou celles qui tentent de les rejeter vers l'enfer silencieux de la dégradation, de la souffrance ou de la solitude."
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1. A propos de la délinquance sexuelle, lire ici un article de la revue Champ pénal. Et dans la même revue lire ici sur la violence des femmes. Parmi divers aures articles sur le sujet il y a ceci ; et pour l'étranger ceci.