De la magistrature à l'humanitaire (bibliographie)
Questions à Ghislain Poissonnier, magistrat actuellement en disponibilité, à propos de son livre :
Les chemins d'Hébron - Un an avec le CICR en Cisjordanie
Pourriez-vous brièvement vous présenter, indiquer ce que vous faîtes aujourd’hui et expliquer dans quel cadre avez-vous été amené à vous rendre en Palestine ?
Je suis Ghislain Poissonnier. Né en 1970 à Paris, j’ai effectué des études de droit à l’Université de Nanterre. Je suis diplômé de l’Institut d’Études Politiques de Paris et ancien élève de l’École Nationale de la Magistrature de Bordeaux.
Entre 1999 et 2004, j’ai occupé différentes fonctions de magistrat judiciaire dans le Pas-de-Calais puis dans le Nord. De 2004 à 2008, j’ai travaillé pour le ministère de la défense en qualité de magistrat détaché dans le service de la justice militaire.
Puis, j’ai été délégué du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) en Cisjordanie, entre juin 2008 et juin 2009. Plus spécifiquement, j’ai été envoyé par le CICR pour une mission d’un an dans la région d’Hébron, située au sud de la Cisjordanie. A ce titre, je tiens à préciser que je suis ni un politologue, ni un journaliste ou un chercheur spécialiste du conflit israélo-palestinien. J’ai vécu en Palestine pendant un an en qualité de travailleur humanitaire et de juriste.
En 2009 et 2010, j’ai effectué une seconde mission comme délégué du CICR en République démocratique du Congo.
Je viens de terminer cette mission et j’ai décidé de prendre un long congé pour me reposer mais aussi pour écrire, réfléchir et voyager.
Ce livre est mon premier ouvrage.
Comment s’explique ce passage de la magistrature à l’humanitaire ?
Je suis toujours magistrat. Je suis placé en situation de disponibilité pour une durée de trois ans. Je compte bien reprendre un jour mes activités judiciaires. Mais après près de 10 ans comme magistrat, je ressentais le besoin profond de voyager, de (re)découvrir le monde tout en me rendant utile. Je voulais surtout « sortir » de mon bureau et aller à la rencontre des gens, sans avoir avec eux des rapports de pouvoir ou d’autorité. Je voulais aider les autres et être le plus proche possible d’eux. Cette expérience au CICR a, de ce point de vue, été extrêmement riche. J’ai pu partager le quotidien de la population civile palestinienne, aller sur le terrain tous les jours, interviewer les civils pour comprendre leurs besoins et partager leurs peines, plaider leur cause auprès des autorités israéliennes. Toutefois, ce qui rapproche cette expérience de celle de la magistrature, c’est que le CICR inscrit toujours son action dans le cadre et sur le fondement du droit international. Les délégués du CICR agissent dans le cadre des quatre Conventions de Genève et plaident sans cesse pour que les dispositions de ces Conventions qui protègent la population civile soient respectées. C’est justement ce qui donne à l’action du CICR sa crédibilité.
Pourquoi avez-vous décidé d'écrire un livre sur votre année en Palestine ?
Le besoin et l’envie d’écrire sont venus dès le début de ma mission en Palestine en 2008. J’ai été, un an durant et dans la région d’Hébron, au contact permanent de la population civile palestinienne et des militaires israéliens. Tous les jours, j’allais sur le terrain, à la rencontre de familles, de paysans, de bergers, de femmes et d’enfants, de chefs de villages, de fonctionnaires etc. Et tous les soirs, je rentrais dans mon domicile à Hébron avec plein d’histoires humaines en tête. Des histoires si belles et si tragiques en même temps que je ressentais le besoin de les décrire. Cet ouvrage que j’ai publié (« Les chemins d’Hébron – Un an avec le CICR en Cisjordanie », L’Harmattan 2010) décrit certes le travail que j’ai effectué en Palestine, le travail de mes collègues, l’action du CICR etc. Je raconte ainsi le quotidien d'un travailleur humanitaire sur le terrain, avec ses frustrations, ses échecs et ses réussites. Mais l’ouvrage décrit surtout une trentaine d’histoires humaines de civils palestiniens qui ont été victimes directes ou indirectes du conflit israélo-palestinien. C’est avant tout pour rendre hommage à ces civils que j’ai écrit ce livre.
Plus d'informations sur ce livre : c'est ici