Brèves remarques autour de la révision du procès Seznec
Alors que la Cour de cassation vient de rejeter la demande en révision de l'affaire Seznec, les compte-rendu des medias invitent à réfléchir une fois encore sur les réactions après une décision judiciaire.
Nous avons vu sur les marches du Palais de justice de Paris des membres de la famille, mais aussi, entre autres, des personnes impliquées et acquittées dans le procès dit d'Outreau, des personnalités du spectacle, tout un ensemble d'hommes et de femmes émettant un avis, négatif, sur la décision de la Chambre criminelle. Même un ministre a cru pouvoir s'étonner du contenu de la décision.
Pourtant, combien de ceux qui ont émis un commentaire, en des termes très sévères et définitivement critiques, ont eu accès au dossier et en on lu les milliers de pages, de la première à la dernière ligne ? Ce n'est le cas que des membres de la famille qui ont eu avec leur avocat le droit de lire toutes les pièces de la procédure. Mais les autres, sur quoi se fonde leur opinion ? Sur les affirmations des membres de la famille, dont l'objectvité n'est peut-être pas certaine ? Sur les avis développés dans les medias, au gré de l'humeur du rédacteur de l'article ? En tous cas, les opinions quelles qu'elles soient, de ceux qui n'ont pas eu le droit de découvrir toutes les composantes du dossier judiciaire, ne reposent sur rien de solide et ne sont que des présupposés personnels.
Faut-il s'en offusquer ? S'il ne s'agissait que de constater que des critiques insuffisamment argumentées sont émises contre des décisions judiciaires, cela ne justifierait sans doute pas que l'on s'y arrête, tant les enjeux autour des procès véhiculent depuis toujours des commentaires en tous sens, guidés plus souvent par l'émotion ou la démagogie que par une analyse sérieuse d'une affaire souvent complexe et difficile à appréhender.
Mais cela est bien plus grave parce que demain les mêmes opinions hâtives, cette fois, désigneront à la vindicte publique des personnes mises en examen dont il n'est pas certain, avant leur condamnation définitive, qu'elles soient jugées coupables.
A ce titre, il est étonnant que l'un des prévenus acquitté dans l'affaire d'Outreau, sachant plus que toute autre personne ce que coûtent les opinions lancées à la va vite dans les médias ou au comptoir des cafés, se retrouve à son tour en train de commenter une décision judiciaire sans savoir exactement ce qu'il y a dans le dossier. Les leçons sont-elles oubliées aussi vite ?
Le poison est là. Il continue à se répandre jour après jour. Il faudrait que ceux qui estiment pouvoir émettre un avis sans connaître le dossier dont ils parlent aient bien en tête qu'à tout moment ils pourraient, demain, en être la victime.