F. Burgaud devant le CSM (3). Les propos de M. Beauvais
A peine les auditions du CSM concernant F. Burgaud et l'affaire de Outreau ont-elles pris fin qu'une nouvelle polémique s'installe, autour des propos prêtés à Monsieur Beauvais, autrefois président de la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Douai (qui a eu à connaître de la procédure), et qui est aujourd'hui conseiller à la cour de cassation.
Ce magistrat a souhaité, au cours de son intervention, rappeler ce qu'il avait constaté dans de nombreux dossiers soumis à sa juridiction, notamment en matière de moeurs.
Deux députés de la région se sont offusqués et ont fortement critiqué les propos qui auraient été tenus.
Voici la réaction de Marie Agnès Bajeux, magistrat honoraire.
MH
Ce magistrat a souhaité, au cours de son intervention, rappeler ce qu'il avait constaté dans de nombreux dossiers soumis à sa juridiction, notamment en matière de moeurs.
Deux députés de la région se sont offusqués et ont fortement critiqué les propos qui auraient été tenus.
Voici la réaction de Marie Agnès Bajeux, magistrat honoraire.
MH
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Le magistrat qui dit la vérité…il doit être exécuté…
En marge de la comparution de Fabrice BURGAUD devant le Conseil Supérieur de la Magistrature, une nouvelle polémique visant à affaiblir les magistrats vient d’éclater suite aux propos tenus par Didier BEAUVAIS lors de son audition en tant qu’ ancien président de la Chambre de l’Instruction de la Cour d’Appel de DOUAI, lors de l’affaire d’OUTREAU.
Ce magistrat a fait état d’affaires définitivement jugées, citées comme exemples de la complexité et du caractère insupportable des dossiers de pédophilie que bien des professionnels de la police, justice et protection de l’enfance connaissent mais il a cité, crime de lèse majesté, le lieu de ces faits situé dans une ville du Nord.
On demande aux magistrats d’être prudents et précis, ce qu’il a fait en donnant ces exemples, qui plus est dans un cadre disciplinaire contre un seul juge qui porte tous les maux de l’institution judiciaire alors que cela concerne une soixantaine de magistrats qui ont eu à connaître de ce dossier. Dans ces conditions peut-on passer sous silence comme on tente de le faire depuis le début de l’affaire d’Outreau le drame des enfants victimes ? Doit-on édulcorer une vérité impensable et indicible ?
On lui reproche également d’avoir évoqué le besoin de sociologues et d’anthropologues pour étudier cette question. Ce constat qui renvoie à la nécessité de ne pas se cantonner à l’approche psychologique de la pédophilie mais d’évaluer également quantitativement et qualitativement ce problème dont on connaît les effets destructurants pour les enfants, pour les familles et pour la société est largement partagé par les professionnels et la communauté scientifique, notamment quant à l’absence d’outils statistiques et d’évaluation. C’est pour cette raison que l’Observatoire National de l’Enfance en Danger et les observatoires départementaux viennent d’être créés. Alors, que l’on s’y réfère ! et l’on approchera sans doute une réalité ressentie par les professionnels qui pour l’instant semble déranger les élus de ces territoires.
Oui, j’aime le Nord et ses habitants, oui, je me sens appartenir à cette communauté d’hommes et de femmes qui vivent souvent dans des conditions difficiles et qui gardent la fierté et le courage du travail, le sens de la solidarité, de la famille et de la fête. Mais cela ne doit pas occulter mon expérience professionnelle de près de 30 ans dans cette région qui est la mienne. Bien sûr, au service des grands malades, on voit les cas les plus désespérés mais pour autant, en parler, est-ce porter atteinte à la population en général ? Un tel raisonnement nous ramène à l’obscurantisme puisqu’il ne serait plus possible d’évoquer les cas les plus graves sans s’exposer à des poursuites disciplinaires pour discrimination anti-ch’ti. De plus, en réagissant de manière aussi caricaturale et à chaud, on ne fait que renforcer l’image négative du Nord loin des propos du magistrat qui n’a fait que son devoir en témoignant de sa pratique.
La réaction de certains politiques du Nord qui ont demandé des excuses publiques et des sanctions contre ce magistrat a été relayée largement par les médias qui ont participé au lynchage médiatique d’un juge, une fois de plus, tout comme le personnel médical mis quotidiennement sur la sellette au travers de faits divers sans que l’on entende, dans les heures qui ont suivi, le ministère de la justice apaiser la polémique. Pour qui ? pourquoi de telles attaques ? certainement pas pour la dignité des nordistes encore une fois utilisés comme alibi par ceux qui ont intérêt à cette polémique.
L’amalgame qui a été fait entre la banderole contre les Ch’tis, de caractère insultant et discriminant d’une part et ceux tenus par Didier BEAUVAIS, de manière professionnelle, est dangereux car il sert à occulter les vraies questions du débat, à déstabiliser l’institution judiciaire et à asseoir un pouvoir qui est plus enclin à rechercher les responsabilités individuelles et à faire tomber des têtes qu’à régler les questions collectives aussi graves que le fonctionnement de la justice, la protection des mineurs victimes et la répression des infractions sexuelles commises dans le cadre intra-familial. En s’attaquant au juge qui dérange parce qu’il dit la vérité, c’est la démocratie que l’on attaque et c’est le tabou de la pédophilie qui s’en trouve renforcé.
En marge de la comparution de Fabrice BURGAUD devant le Conseil Supérieur de la Magistrature, une nouvelle polémique visant à affaiblir les magistrats vient d’éclater suite aux propos tenus par Didier BEAUVAIS lors de son audition en tant qu’ ancien président de la Chambre de l’Instruction de la Cour d’Appel de DOUAI, lors de l’affaire d’OUTREAU.
Ce magistrat a fait état d’affaires définitivement jugées, citées comme exemples de la complexité et du caractère insupportable des dossiers de pédophilie que bien des professionnels de la police, justice et protection de l’enfance connaissent mais il a cité, crime de lèse majesté, le lieu de ces faits situé dans une ville du Nord.
On demande aux magistrats d’être prudents et précis, ce qu’il a fait en donnant ces exemples, qui plus est dans un cadre disciplinaire contre un seul juge qui porte tous les maux de l’institution judiciaire alors que cela concerne une soixantaine de magistrats qui ont eu à connaître de ce dossier. Dans ces conditions peut-on passer sous silence comme on tente de le faire depuis le début de l’affaire d’Outreau le drame des enfants victimes ? Doit-on édulcorer une vérité impensable et indicible ?
On lui reproche également d’avoir évoqué le besoin de sociologues et d’anthropologues pour étudier cette question. Ce constat qui renvoie à la nécessité de ne pas se cantonner à l’approche psychologique de la pédophilie mais d’évaluer également quantitativement et qualitativement ce problème dont on connaît les effets destructurants pour les enfants, pour les familles et pour la société est largement partagé par les professionnels et la communauté scientifique, notamment quant à l’absence d’outils statistiques et d’évaluation. C’est pour cette raison que l’Observatoire National de l’Enfance en Danger et les observatoires départementaux viennent d’être créés. Alors, que l’on s’y réfère ! et l’on approchera sans doute une réalité ressentie par les professionnels qui pour l’instant semble déranger les élus de ces territoires.
Oui, j’aime le Nord et ses habitants, oui, je me sens appartenir à cette communauté d’hommes et de femmes qui vivent souvent dans des conditions difficiles et qui gardent la fierté et le courage du travail, le sens de la solidarité, de la famille et de la fête. Mais cela ne doit pas occulter mon expérience professionnelle de près de 30 ans dans cette région qui est la mienne. Bien sûr, au service des grands malades, on voit les cas les plus désespérés mais pour autant, en parler, est-ce porter atteinte à la population en général ? Un tel raisonnement nous ramène à l’obscurantisme puisqu’il ne serait plus possible d’évoquer les cas les plus graves sans s’exposer à des poursuites disciplinaires pour discrimination anti-ch’ti. De plus, en réagissant de manière aussi caricaturale et à chaud, on ne fait que renforcer l’image négative du Nord loin des propos du magistrat qui n’a fait que son devoir en témoignant de sa pratique.
La réaction de certains politiques du Nord qui ont demandé des excuses publiques et des sanctions contre ce magistrat a été relayée largement par les médias qui ont participé au lynchage médiatique d’un juge, une fois de plus, tout comme le personnel médical mis quotidiennement sur la sellette au travers de faits divers sans que l’on entende, dans les heures qui ont suivi, le ministère de la justice apaiser la polémique. Pour qui ? pourquoi de telles attaques ? certainement pas pour la dignité des nordistes encore une fois utilisés comme alibi par ceux qui ont intérêt à cette polémique.
L’amalgame qui a été fait entre la banderole contre les Ch’tis, de caractère insultant et discriminant d’une part et ceux tenus par Didier BEAUVAIS, de manière professionnelle, est dangereux car il sert à occulter les vraies questions du débat, à déstabiliser l’institution judiciaire et à asseoir un pouvoir qui est plus enclin à rechercher les responsabilités individuelles et à faire tomber des têtes qu’à régler les questions collectives aussi graves que le fonctionnement de la justice, la protection des mineurs victimes et la répression des infractions sexuelles commises dans le cadre intra-familial. En s’attaquant au juge qui dérange parce qu’il dit la vérité, c’est la démocratie que l’on attaque et c’est le tabou de la pédophilie qui s’en trouve renforcé.