Le procès Fourniret et les medias
Si l'on peut comprendre que le procès de Monsieur Fourniret et de sa compagne attire l'attention des medias, tant les faits et les personnalités sont inhabituels, et si l'on peut aussi admettre que photographes et cameramen cherchent partout où cela est possible à rapporter un maximum de clichés et de films, il y a peut-être des limites à ne pas dépasser.
Nous avons vu hier soir à la télévision une meute de reporters, agglutinés devant le box des accusés, penchés au dessus des avocats qui avaient pris place devant ce box, filmer et photographier pendant un long moment.
Alors que le président et ses assesseurs avaient déjà pris place, ce qui signifie que l'audience proprement dite allait commencer, la salle d'audience ressemblait encore à une prolongation de la rue, comme si elle n'avait plus que trois murs et que le quatrième, la séparant habituellement du monde extérieur, avait été abattu.
Les familles des victimes avaient aussi pris place dans la salle. Ne pouvant être autrement que passives, elles ont été contraintes d'assister à ce qui ressemblait plus à une visite de zoo qu'à un avant-procès dans un palais de justice.
Pourtant, un président de cour d'assises, qui dispose de la maîtrise totale de ce que l'on appelle la "police de l'audience", peut parfaitement interdire aux medias d'intervenir dans la salle afin que le procès, de la première seconde à la dernière, reste digne selon les termes mêmes de la loi. Il peut aussi, s'il n'est pas favorable à une interdiction totale de prise de vue, n'autoriser qu'un photographe et pour un bref instant.
Notons au passage que la diffusion d'images prises à l'intérieur de la salle d'audience de la cour d'assises ne présente aucun intérêt pour le public, le bénéfice étant réservé aux medias qui peuvent joindre la photo d'un accusé dans son box en dessous d'un gros titre racoleur.
C'est pourquoi il semble nécessaire de s'interroger sur l'opportunité de protéger la salle d'audience des débordements médiatiques afin que ce lieu apparaisse dès que l'on y pénètre comme un endroit manifestement différent, et où sont préservés autant que possible le calme, la distance et la retenue.