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Publié par Parolesdejuges

Zéro virgule neuf pour cent (Bibliographie)

 

Les analyses, les commentaires, les études sur les agressions sexuelles sont innombrables. Mais ce qui est beaucoup plus rare, ce sont les témoignages directs des victimes de viol.

C'est l'un de ces témoignages que proposent les éditions Les Avrils (leur site), en publiant le livre de Jeanne Broucq (1) (page dédiée) :

Zéro virgule neuf pour cent

Sur le site, le livre est brièvement présenté de la façon suivante :

"Zéro virgule neuf pour cent, c’est le nombre de viols et de tentatives de viol, qui, en France, débouche sur une condamnation aux assises. La nuit du 30 mars 2018, alors qu’elle habite en Australie, Jeanne en est victime. Sidérée, mais résolue, elle se rend immédiatement au commissariat et porte plainte. Elle est écoutée, crue, prise en charge. Il y aura des poursuites. Une justice."


Le livre est en fait la suite, développée, du témoignage déjà publié (anonymement) et en plusieurs épisodes sur le site du magazine en ligne Slate (cf. ici).

Le livre retrace l'histoire réelle d'une jeune femme française (la rédactrice) qui s'est fait violer à Sydney (Australie) en mars 2018, par un homme qui a été arrêté puis condamné en juin 2019 (2).

Comme elle l'indique dès les premières pages, elle a voulu témoigner parce qu'elle en ressentait le besoin et voulait à travers l'écriture se "remettre de ces quinze mois de larmes, d'idées noires, de colère et d'angoisse", parce qu'en France les viols suivis d'une condamnation de l'auteur sont en très faible nombre par rapport au nombre des viols (le 0,9 %) (3), et pour participer à briser un tabou et encourager l'expression des victimes.

Ce livre est particulièrement intéressant, et pour plusieurs raisons.

Le fait que le processus judiciaire se déroule dans un autre pays nous permet de comparer avec le nôtre. Ces comparaisons sont indispensables pour aiguiser notre sens critique sur notre propre système. En plus l'auteure mentionne des témoignages de jeunes femmes victimes de viols dans d'autres pays.

Deux différences sont particulièrement apparentes :

D'abord les contacts et liens entre la police et les victimes de viol. En Australie l'accompagnement des enquêteurs est immédiat, direct, attentif, bienveillant, et permanent.

Ensuite et surtout le déroulement du procès, puisque l'auteure n'a pas été appelée pour témoigner. Cela est difficile à comprendre et à accepter en France tant nous considérons - à juste titre - avoir besoin à l'audience, pour appréhender les faits et comprendre leurs conséquences, du témoignage de la victime.

Tout aussi intéressantes sont les pages dans lesquelles l'auteure raconte comment elle a physiquement et psychiquement vécu l'avant, puis l'après-procès. Personnellement, mais aussi dans les relations avec sa famille et ses proches.

Ses propos montrent à quel point il est important que le procès ait lieu le plus tôt possible car il est, explique-t-elle concrètement, le moment d'une part où le doute et les incertitudes sur le sort de l'agresseur et la reconnaissance de son état de victime s'effacent, et d'autre part le moment où enfin une nouvelle étape de la vie commence. C'est le calme après la tempête. Sur ce point la comparaison est cruelle avec les délais français, dont nous reparlerons dans un autre article.

Au-delà de ces quelques points, le livre est une mine d'informations sur ce que vivent les victimes d'agressions sexuelles, des faits jusqu'au terme du processus judiciaire. Informations que nous devons impérativement intégrer dans l'appréhension critique de notre système français.

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1. Ce nom est un pseudonyme.

2. Elle a accepté une relation sexuelle avec un homme, s'est endormie, puis s'est réveillée alors qu'un autre homme la pénétrait sans son accord.

2. Comme le précise l'auteure, ce nombre repris de certaines études publiées pourrait être très légèrement supérieur selon d'autres études. Tout en restant dans tous les cas dérisoire par rapport au nombre de faits commis.

 

 

 

 

 

 

 

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