Le roman du terrorisme (Bibliographie)
Depuis quelques mois les procès pour des faits de terrorisme se succèdent, et d'autres sont annoncés.
Au-delà des actes poursuivis, se pose à chaque fois la question de la logique terroriste. La démarche qui conduit à la commission de tels actes est difficile à appréhender tant les chemins qui y mènent nous sont étrangers.
C'est pour nous aider à comprendre cette démarche que le magistrat Marc Trévidic a publié aux éditions Flammarion (leur site) un livre intitulé (page dédiée) :
Le roman du terrorisme
Sur le site de l'éditeur le livre est présenté de la façon suivante :
« Je ne sais pas grand-chose de mes ancêtres, sinon qu’ils remontent au début de l’humanité, dès que l’homme voulut posséder du pouvoir sur ses semblables et que la mort lui fit peur. »
Un acte terroriste ne se réduit pas au chaos qu’il provoque : il répond et s’articule, depuis la nuit des temps et sur tous les continents, autour de sept préceptes, sept piliers fondateurs. Dans ce livre, qui retrace l’histoire du terrorisme depuis sa naissance dans la Perse du XIe siècle jusqu’à aujourd’hui, le juge Marc Trévidic décortique cette méthode d’action et de pensée en s’appuyant sur son expérience en tant que juge d’instruction au pôle antiterroriste.
Le roman du terrorisme est un récit captivant sur le sujet le plus brûlant de notre époque, qui donne la parole à la méthode terroriste elle-même. C’est en effet le terrorisme personnifié qui s’exprime dans ce texte d’une rationalité glaçante et d’une ironie mordante, illustrant son propos d’exemples véridiques et de faits inédits.
Ce livre s'ajoute à d'autres ouvrages que Marc Trévidic a déjà consacré au terrorisme (cf ici).
Celui-ci, sous-titré "Discours de la méthode terroriste", nous présente cette méthode de façon originale puisque le personnage principal et unique du livre est le terrorisme lui-même qui, au long des 250 pages du livre, nous raconte sa naissance, son développement, et sa méthode.
Le livre commence par un long préambule qui nous renvoie à la naissance de l'idéologie terroriste par son concepteur Hassan Ibn Sabbâh, aux alentours du 10ème siècle. Et qui s'interroge sur la notion de terrorisme.
Le reste du livre comporte neuf chapitres intitulés : Le premier précepte "Il me faut une cause" ; Le deuxième précepte "Il me faut un ennemi" ; Le troisième précepte "Je dois savoir me servir de mon ennemi" ; Le quatrième précepte "Il me faut un héros" ; Le cinquième précepte "Il me faut endoctriner" ; Le sixième précepte "Il me faut une organisation" ; Le septième précepte "Je dois protéger le grand Teelis" ; Le gardien du bâtin al-bâtin" ; Retour à Alamût.
Chaque chapitre sur les préceptes a pour objectif de nous présenter les méandres du raisonnement terroriste, la construction de son socle théorique, ses incertitudes et ses choix. Autrement dit sa colonne vertébrale.
Ce qui rend le livre particulièrement intéressant c'est qu'il ne s'agit pas d'un livre purement théorique. Le tout est illustré par de nombreux exemples de situations concrètes, et il présente les acteurs qui pour une grande part sont connus du public. Mais aussi des personnages moins célèbres mais dont le parcours est instructif, tel ce hollandais devenu un terroriste sanguinaire. De même que des faits peu ou pas connus, tel le choix de l'ETA d'enfermer complètement pendant deux ans et dans une pièce sans porte ni fenêtre un chimiste chargé de fabriquer les explosifs et les faux-papiers, la cloison étant cassée et reconstruite avant et après chaque contact avec lui.
S'y ajoutent des remarques, parfois critiques, sur les réponse plus ou moins adaptées des Etats. Par exemple les tractations cachées, et le paiement de rançons après des enlèvements terroristes. Ou la volonté de faire croire que la mort d'un chef terroriste est une avancée importante ce qui est loin d'être le cas.
Au travers de la réflexion sur la méthode, c'est toute la sphère terroriste qui est revisitée. Nous nous promenons dans tous les pays du monde, et nous y rencontrons tous ceux qui à un moment où un autre ont compté.
Tout comme nous entrons dans les bureau des services de lutte contre le terrorisme.
Spécialement intéressantes sont les pages sur le recrutement et ses méthodes, avec le repérage des personnalités fragiles et les idées à leur faire intégrer, notamment le doute sur la légitimité de l'ordre établi. Puis le passage de l'adhésion à une cause à l'adhésion à un homme, le héros, symbole de la grandeur de l'action. Ce qui, comme l'écrit l'auteur, conduit certains des membres à se dépouiller de toute humanité. Ceux qu'il appelle "les Landru du terrorisme".
Le livre se termine par quelques réflexions plus générales notamment sur l'hyper médiatisation du terrorisme et sa place réelle comparé à certaines guerres injustifiées et menées par des États, et qui font bien plus de victimes, ou aux tueries de masse dans certains pays démocratiques. Mais aussi sur la Cour pénale internationale et les tribunaux internationaux temporaires.
Ce qui fait écrire à l'auteur que "La guerre est un sport dont les adversaires connaissent les règles en entrant sur le terrain mais les oublient dès le début de la partie d'autant plus facilement que l'arbitre est resté dans les vestiaires".
Tout ceci fait un livre d'une grande richesse qui ouvre la porte à de multiples réflexions sur un sujet d'actualité.