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Publié par Parolesdejuges

 

Depuis plusieurs mois la France est traversée par le mouvement dit "des gilets jaunes".

Il ne sera évidemment pas question, ici, d'analyser les origines ou les revendications des participants, plutôt disparates, mais de relever un des rares points communs aux manifestants, et de faire le lien avec un sujet d'actualité concernant la justice, et plus précisément la cour d'assises.

Au delà des demandes économiques ou sociales énoncées ici et là, ce qui semble ressortir avec une particulière force du discours des manifestants, c'est un besoin crucial d'être reconnus, écoutés, pris en compte. Plus simplement, un besoin d'exister en étant présents dans le débat public de façon à pouvoir l'influencer.

Tout être humain a besoin de reconnaissance. L'estime de soi, composante indispensable et même primordiale du bien être, repose en grande partie sur le regard des autres. Ce qui importe, c'est d'être vu par les autres, d'être sollicité, d'être écouté. D'être pris en compte.

Et plus les questions en débat sont importantes, engagent le fonctionnement du groupe social et la situation de chacun de ses membres, plus le besoin de participer est fort.

Manifestement, et depuis fort longtemps, la représentation issue des élections nationales ou locales ne suffit pas. Le besoin est régulièrement exprimé de modes de participation plus proches, plus actifs, plus efficaces. Où chaque citoyen peut, au moins de temps en temps, exprimer directement son point de vue et influencer les décisions à prendre.

Le mouvement des gilets jaunes, au delà de ses qualités et de ses errements, aura au moins servi à cela. Rappeler, bruyamment et parfois maladroitement, mais rappeler utilement, que chaque citoyen doit avoir les moyens, s'il le souhaite, de participer aussi pleinement que possible aux affaires publiques.

Le débat est lancé.
 

Venons en maintenant à la cour d'assises.

Comme cela a été mentionné ici l'an passé (article ici), le gouvernement a en projet de supprimer les jurés à la cour d'assises, dans un premier temps pour le jugement de certains crimes.

Le lecteur trouvera dans l'article précédent une analyse de cette problématique et il ne sera pas répété ici ce qui y est écrit.

Mais la réflexion autour de l'opportunité de continuer, ou non, à faire participer les citoyens français au jugement des crimes est relancée, directement, par le mouvement des gilets jaunes, et cela pour les raisons mentionnées plus haut.

A travers l'appel aux jurés , la cour d'assises est l'un des très rares endroits où les citoyens français (à partir de 23 ans) participent pleinement à une activité qui engage fortement tout le groupe social, à savoir le jugement des agressions les plus graves.

Les jurés sont pendant quelques jours de véritables juges. Ils sont actifs aux audiences, en posant eux-aussi des questions, et pendant le délibéré, après avoir participé à la discussion à part égale avec tous les autres présents, leur vote a exactement la même valeur que celui du président de la cour d'assises.

A chaque fin de session, les jurés disent, parfois avec émotion, à quel point ils sont fiers et heureux d'avoir pu participer au travail de la justice. Certains disent qu'en arrivant ils doutaient de leur capacité, s'interrogeaient sur leur légitimité, mais à la fin constatent qu'ils ont rempli la mission et repartent avec une estime de soi fortement renforcée.

Bien sûr, la disparition des jurés à la cour d'assises, si elle est votée, ne va pas mettre à mal notre société.

Il n'empêche qu'après plusieurs mois de manifestations et quelques semaines de débats publics locaux, la question doit de nouveau être posée au regard des aspirations exprimées : Alors que la demande première est de participer plus qu'avant aux débats et aux affaires publiques, est-il vraiment judicieux de priver les citoyens français de l'un des rares endroits encore existant, la justice, où ils peuvent mettre leurs capacités au service du groupe social dans son ensemble, et ainsi être  utiles et valorisés ?

 

 

 

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C
La participation du citoyen à la VIE PUBLIQUE demande une compréhension fine des sujets auxquels il souhaite intervenir , C'est très rarement le cas , même un bachelier d'aujourd'hui est incapable de participer à l'élaboration d'une loi , quant au problème de la cour d'assise , il devrait pouvoir refaire entièrement l'enquête comme un policier ou un gendarme pour avoir une idée claire sur l'implication du présumé coupable et il devrait également donner son avis sur les types de sanctions apllcables pour que cette sanction permette la meilleure réinsertion possible.
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V
J'apprécie votre position. La disparition des jurés à la cour d'assises ne mettrait pas à mal notre société ? Malheureusement, je crois que si ! La disparition du respect (par la Commission) des résultats obtenus lors des derniers référendums européens a mis à mal l'UE. Le Brexit en est une illustration. C'est la conséquence logique du mépris témoigné par les élites européennes à l'égard des citoyens (qui pensent mal et votent mal). Et ça va se dégrader: va t-on faire voter les citoyens sur les prochaines adhésions à l'UE ? Non ! Pas assez intelligents, ces citoyens ! Donc inutiles aux Assises...
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