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Publié par Parolesdejuges

La revanche de la guillotine (Bibliographie)

 

Aujourd'hui, la peine de mort fait en France partie de l'histoire ancienne. Pourtant cela ne fait pas si longtemps qu'elle a été abolie (texte ici) (pour aller plus loin cf. ici)

Quelques grands noms sont toujours associés à cette peine de mort : Djandoubi (dernier condamné exécuté en 1977), Ranucci, Buffet et Bontems, Thiry, Buisson (liste des condamnés ici).

Mais il en est aussi, plus nombreux, de moins célèbres.

C'est l'histoire de l'un de ces condamnés peu connus que nous proposent les Editions Plein Jour (leur site) :
 

LA REVANCHE DE LA GUILLOTINE

L'affaire Carrein

 

Le livre (page dédiée ici) écrit par le magistrat Luc Briand, est présenté ainsi sur le site de l'éditeur :

"Le 27 octobre 1975, un homme, Jérôme Carrein, tue Cathy Petit, 10 ans, dans le Nord-Pas-de-Calais. Trois mois plus tard, un autre homme, Patrick Henry, assassine Philippe Bertrand, 7 ans. Le second échappera à la guillotine quinze jours avant que le premier soit condamné à mort ; il sera défendu par Robert Badinter et son procès, devenu celui de la peine de mort, tiendra la France en haleine. Jérôme Carrein, lui, n’intéressera personne, sauf des magistrats qui prendront à ses dépens leur revanche sur le procès Henry – la revanche de la guillotine.Luc Briand revient sur cette affaire, sur Jérôme Carrein que tout le monde a oublié, sur cette marche vers la mort d’un homme au destin jalonné d’abandons, écrasé par la fatalité sociale, sur sa quasi-rédemption en prison. Il rencontre tous les personnages de l’affaire, jusqu’aux témoins de sa dernière heure et au fils du bourreau, qui assistait son père lors de l’exécution. Le dossier Carrein, raconte-t-il, fait quinze centimètres d’épaisseur, quinze centimètres qui résument l’intégralité de la vie d’un homme, et ont suffi à décider de sa mort ; quinze centimètres d’histoire broyée parce que soudain la vie valait moins que les symboles qu’on voulait en tirer."

 

Luc Briand rappelle en introduction l'histoire de la peine de mort et ses polémiques. Si les exécutions ont cessé d'être publiques en 1939, les condamnations sont tombées pendant encore de nombreuses années en France, alors que la peine de mort était déjà abolie dans de nombreux pays européens.
 

Puis vient l'affaire Jérôme Carrein.
 

Le 27 octobre 1975, à Palluel (Pas de Calais), Jérôme Carrein étrangle et noie une petite fille de huit ans après avoir tenté de la violer. Il est condamné à mort par deux cours d'assises successives, et sa grâce est rejetée par le président Giscard d'Estaing. Il est exécuté le 23 juin 1977 dans la prison de Douai.
 

Luc Briand souligne d'emblée que l'une des particularités de l'affaire est que la population du Nord, à travers ses jurés, va juger l'un des siens, le procès de Douai se déroulant très près du lieu des faits.
 

Puis il nous raconte l'histoire de Jérôme Carrein, sa personnalité, ses actes, ainsi que l'enquête et les procès.
 

Le livre est remarquablement écrit. L'envie de tourner les pages ne nous lâche pas vite.
 

D'autant plus que Luc Briand ne se contente pas de nous conter une affaire judiciaire. Il en profite pour nous nous parler de la vie dans la région des faits, du déroulement des interrogatoires en garde à vue, du travail du juge d'instruction (de 28 ans) qui comprend vite que la guillotine est en ligne de mire, des expertises techniques et psychiatriques, des conditions de détention en prison (jusque 15 personnes dans certaines cellules).
 

Le connaisseur de la justice d'aujourd'hui s'étonnera sans doute que l'instruction ne dure que huit mois y compris la décision de la chambre d'accusation.
 

Le premier procès s'ouvre le 12 juillet 1976 à Saint Omer. Même si cela semble stupéfiant aujourd'hui, il ne dure qu'une journée. Le ministère public demande la peine de mort. L'avocat en défense n'a pas une tâche aisée.
 

Tout aussi surprenante est la durée du délibéré : 50 minutes.
 

En l'absence de circonstances atténuantes (la notion a plus tard disparu du code de procédure pénale) la peine de mort est décidée.
 

La décision est cassée par la cour de cassation au motif que le président a commis une erreur dans la rédaction d'une des questions posées à la cour et au jury en délibéré.
 

Luc Briand s'attarde sur le contexte dans lequel le second procès a eu lieu, au regard des autres dossiers très graves traités à la même époque et des condamnations à mort prononcées ou non. Notamment celui de Patrick Henry qui échappe à la guillotine. Comme si, après des condamnations à la peine capitale écartées pour des criminels pourtant considérés comme monstrueux, il fallait un jour ou l'autre une sorte de revanche.
 

Le second procès s'ouvre le 31 janvier 1977 à Douai. La peine de mort est de nouveau requise (avec mention critique du procès de P. Henry à Troyes et une attaque en règle des opposants à la peine capitale), et elle est de nouveau prononcée.
 

Luc Briand relate ensuite la dernière phase du processus : la demande de grâce présidentielle. Une impossible grâce dans un tel dossier.
 

Puis l'exécution. Ce qui est l'occasion pour l'auteur de nous parler de l'histoire et du travail des bourreaux.
 

Tout ceci fait un livre passionnant qui intéressera un très large public (lire aussi ici).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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