Paroles de jurés (18)
Jean Luc P, juré en 2004
J'ai vécu l'une des plus intéressantes expériences de ma vie bien que juré remplaçant qui n'a pas eu la chance d’être juré à part entière (volant de jurés titulaires suffisant) mais ayant pu, sur proposition du juge, assister à l'intégralité des débats des 4 procès eux mêmes à huit clos.
Intérressantes bien qu'éprouvantes bien sûr car on est en cours d'assises face à des faits horribles qui heurtent notre sensibilité et parfois nous ébranlent au point d'avoir un peu de mal au retour dans nos foyers ou notre travail.
J'ai été impressionné et réconforté par la rigueur apportée par les professionnels de justice (juge, assesseurs, avocats ) à la conduite des débats, le souci intangible donné à chacun de s'exprimer voire se défendre, la grande solennité nécessaire à la conduite de tels débats avec le souci pédagogique, à chaque instant, d'expliquer le processus qui se déroule devant des non professionnels de la justice.
J'ai apprécié le moment de débat sous forme de questions réponses précédant le premier procès, ce avec ces professionnels ainsi que la nécessaire visite à l'établissement de Fleury Merogis.
Mon souhait le plus cher serait de recommencer mais comme juré à part entière, ce n'est pas un jeu mais une expérience unique dans la vie d'un citoyen et si j'ai une chose à dire à beaucoup de gens qui rechignent à l'idée d'y aller, ce serait : au contraire, prenenz vos responsabilités de citoyen d'homme, de femme, assistez !
S'il y avait une seule suggestion à faire serait peut être d'aborder la dimension psychologique des moments qui vont être éprouvants par les jurés tirés au sort car l'évocation des faits, les réactions des victimes en particulier (je me souviens d'un viol) requièrent, à mon avis, une "préparation" (apport d'un psychologue à priori lors de ce débat questions-réponses ou, du moins, en parler explicitement sous forme de craintes exprimées et de conseils des professionnels).